par Emma Jaconelli en Une du Grand Parisien et sur leparisien.fr dans la rubrique Paris
Les samedis après-midi, et en semaine sur demande, Anne-Sophie Guerrier fait visiter Montmartre entre anecdotes et reprises a cappella de chansons célèbres liées au quartier. Découverte.
Casquette gavroche sur la tête et longue jupe à fleurs sont les indispensables d’Anne-Sophie Guerrier, sans oublier sa voix enivrante. Cette chanteuse de rue propose dès ce samedi 26 mars, et pour la deuxième saison, des visites guidées de Montmartre, son « quartier », on ne peut plus originales. Au gré des pavés et des lieux symboliques de la butte, Anne-Sophie Guerrier interprète une vingtaine d’extraits de monuments de la chanson française, qui résonnent avec les lieux devant lesquels elle s’arrête pour les entonner, accompagnée du petit groupe qu’elle guide.
Naturellement, la balade débute devant le « Mur des je t’aime », aux Abbesses. Après une brève explication – il s’agit tout de même une visite guidée –, elle prend son souffle et lance parmi les brouhahas de touristes les premières notes de « l’Hymne à l’amour ». Les membres de la visite attendaient la prestation mais, sur la place, les nombreux curieux arrêtent leur remue-ménage de photos pour Instagram ou de selfie pour la grand-mère et tendent l’oreille.
Les spectateurs entrent alors dans une bulle et « se foutent du monde entier » comme le chante Anne-Sophie Guerrier, avant d’applaudir à la fin de la prestation, alors que la chanteuse esquisse un merci, presque gênée d’avoir emporté tout le monde avec elle.
Anne-Sophie Guerrier est diplômée d’une école de commerce parisienne. « Elle a tenu son contrat avec ses parents », sourit sa mère, qui suit cet après-midi-là la balade. Mais elle a toujours voulu être chanteuse.
Des couloirs du métro aux rues de Montmartre
La semaine, elle chante dans le métro. « Pendant le Covid on n’avait plus le droit de chanter dans le métro, donc je me suis dit que je devais chanter dehors, et j’ai eu cette idée. » La première visite qu’elle imagine dure plus de 3 heures « C’était super intéressant, se souvient sa maman, première fan, mais c’était un peu long. Le but c’est quand même de passer un bon moment. » Désormais, 2 heures environ, et uniquement trois côtes à monter, sans escaliers.
La balade est donc ouverte à tous, moyennant 15 euros pour les adultes et 8 pour les enfants, et la guide s’adapte tout à fait au rythme de chacun. Parmi la quinzaine de participants par visite, Anne-Sophie Guerrier accepte volontiers que « certains se mettent à chanter de temps en temps ».
Elle raconte aussi l’histoire des cabarets
Direction ensuite les petites rues « typiques » ou vécurent Claude François, Dalida ou encore le dessinateur Francisque Poulbot, duquel les titis parisiens tiennent leur surnom. Anecdotes de vie de quartier, vie amoureuse de certains et aventures alcoolisées d’autres, les petites histoires s’envolent entre deux extraits fredonnés a cappella. Certaines fois, juste une anecdote : « il n’y a pas de chansons à chaque fois, il faut varier les plaisirs » sourit la chanteuse.
C’est aussi toute une histoire parisienne qu’Anne-Sophie Guerrier propose de redécouvrir. Les célèbres cabarets montmartrois par exemple. Certains continuent de faire émerger des artistes, d’autres sont devenus des crêperies ou des boutiques souvenirs mais, derrière leur façade, ils regorgent d’histoires.
Les commerçants du quartier commencent à connaître cette guide pas comme les autres. « Je reviens la semaine prochaine », lance-t-elle au coin d’une rue au curieux restaurateur venu l’écouter et la saluer. Finalement, dernière étape devant le Sacré-Cœur pour finir « sous le ciel de Paris », ravis d’avoir remonté le temps de ce quartier finalement bien mystérieux.